pilot, ceridwen & black jack

Et dire que, pour une fois, ils avaient décidés de passer une soirée tranquille.

C'était rare que Black Jack et Pilot réussissent à se mettre d'accord sur quelque chose mais après avoir passé la journée à répéter au Spitfire, ils avaient estimé qu'une soirée détente dans un bar quelconque s'imposait et c'est, presque main dans la main, qu'ils franchirent les portes d'un bar quelconque attirant immédiatement tous les regards. En même temps, il était dur de ne pas les remarquer tant leurs styles étaient hors de la norme. Lui, grand mais pas bien épais, recouvert de tatouages de toute sorte, le crâne rasé sur les côtés et cette aura dangereuse qui l'accompagnait partout, cette prestance aristocratique hérité de ces ancêtres tandis qu'elle se tenait à ses côtés, poupée de porcelaine aux yeux barbouillés de noir et à l'accoutrement plus que scandaleux, petite teigne qui essayait de se grandir sans que l'on sache pourquoi. Il s'avança dans la foule en direction du bar pendant qu'elle partait de l'autre côté pour trouver un endroit tranquille pour s'assoir. À peine fut-elle assise dans un canapé d'angle qu'un autre jeune homme déjà bien imbibé s'installa à ses côtés. Trop collant, trop puant, il semblait en plus de cela sourd car même après lui avoir répété trois fois qu'elle n'était pas intéressée, il continuait d'insister, allant même jusqu'à poser une de ces mains moites sur sa cuisse. Elle lui attrapa deux doigts et sans ménagement les lui retourna plutôt brutalement sans pour autant que l'on perçoive le bruit d'une fracture. « Écoute maintenant c'est soit tu te barres gentiment, soit j'te casse les doigts et un conseil, si tu dragues toutes les filles comme ça tu vas en avoir besoin pour un sacré moment de ta main. » Et puis resserrant un peu plus sa prise, elle esquissa un sourire et papillonna des sourcils, combinaison plus qu'effrayante.

Sans grande surprise, l'inconnu pris la fuite sans demander son reste, bousculant Black Jack qui revenait tout juste du bar avec les commandes. Il s'excusa pathétiquement envers le Dolohov et comme s'ils se connaissaient depuis toujours passa un bras autour du cou du jeune homme et tout en pointant Pilot du doigt dit au jeune homme. « Si j'étais toi mec je ferais attention à celle-là. Ça a l'air d'être une vraie salope. » Se dégageant prestement de l'emprise du soulard, Black Jack déposa les verres sur la table et pendant un bref instant, Pilot aurait pût jurer qu'elle avait vu l'ombre d'un sourire passer sur le visage du jeune homme. Ce genre de sourire qui n'annonce rien de bon. Et elle avait vu juste. La seconde suivante, le jeune homme décrochait un coup de poing phénoménal directement dans le nez de l'inconnu qui s'effondra sous la force de l'impact. La blondinette resta un moment bouche bée avant de sourire bêtement, sans trop savoir pourquoi, et se leva presque immédiatement quand le brun lui tendit la main pour qu'ils s'en aillent. Passant à côté du corps du jeune homme toujours à terre, elle ne pût s'empêcher de lui décocher un coup de pied bien placé avant de partir à son tour, sans rien ajouter.

Bien sûr, l'histoire ne s'était pas finit là. Alors qu'ils étaient sur le chemin du retour, trois ombres leur barrèrent le chemin et à la lumière du réverbère, Pilot reconnu aisément l'inconnu du bar. Revanche, c'était ce que criait ses mains transformées en poings, ce qu'hurlait ses mâchoires crispées, ce que réclamait son égo froissé. Même avec du renfort, ils ne valaient rien. Ces moldus, ces pauvres petits créatures qui d'un coup de baguette se retrouvaient bloquées contre le mur de cette allée sordide et qui suppliaient presque qu'on les lâchent. Les renforts que l'inconnu avait ramené ne mirent pas de temps à déguerpir et bien vite, il se retrouva à la merci des poings de Black Jack et de la baguette de Pilot. Un craquement sinistre se fit entendre dans la ruelle et alors qu'on voyait le jeune homme se tordre de douleur, aucun sons ne semblaient franchir ces lèvres à cause du sort de la jeune femme. Cela faisait déjà plusieurs minutes que les deux jeunes gens s'amusaient -peut-être un peu trop- à malmener cet inconnu, cette raclure de moldu quand un éclat inhabituel attira l'œil de la jeune femme. Elle eut tout juste le temps de lancer un expelliarmus pour faire dévier le couteau lancé en direction du brun à côté d'elle.

Dans la lumière du lampadaire, elle distingua une silhouette, trop petite pour que cela soit un des renforts de l'inconnu qui aurait retrouvé une once de courage et soit revenu défendre son honneur ou simplement trop fine pour qu'elle soit celle d'un homme. Un craquement plus tard, elle venait de transplaner au bout de la ruelle pour se retrouver derrière l'emmerdeuse qui venait d'intervenir. « C'est moi ou les moldus ont des envies suicidaires ce soir ? » Elle se tenait à une distance raisonnable de la jeune femme au cas où elle cacherait un autre couteau sous son manteau ou quoi que ce soit mais elle dégageait quelque chose d'assez imposant pour que l'inconnue n'ose l'approcher et surtout, n'ose pas s'enfuir. Ils allaient tout juste commencer à s'amuser.

Ceridwen avait décidé de se détendre ce soir là. Elle commençait à en avoir marre des cours, parce que tout était soudain beaucoup plus dur depuis son retour. Elle avait manquait pas mal de classes car elle faisait le deuil de son petit frère. Elle avait eu du mal à s’en remettre et à recommencer à sortir. Son meilleur ami Jefferson venait la voir quand il le pouvait et lui avait apporté les cours mais elle avait du mal à rattraper le retard qu’elle avait pris. Ce soir là, elle aurait aimé l’appeler et lui demander de sortir avec elle, pour une soirée, mais elle n’avait pas osé. Ceridwen ne voulait pas que Jefferson se fasse des fausses idées sur elle car elle savait qu’il était amoureux d’elle. Elle ne pouvait pas se permettre d’être heureuse alors que son frère venait tout juste de mourir, c’était injuste pour lui. Mais avant que sa tête ne se mette à exploser, elle avait besoin de se détendre. C’est pourquoi Ceridwen avait prévu d’aller au cinéma toute seule. Ce n’était pas très marrant, mais au moins ça lui changerait les idées. Pour l’occasion, elle ne s’était pas faite spécialement belle mais avait ressorti son maquillage. Comme elle ne sortait pas de chez elle, sauf rares occasions, depuis des mois, sa boite de maquillage prenait un peu la poussière. Un peu de fantaisie, elle coiffa ses cheveux d’un serre-tête et mit une robe avec des collants, car il faisait assez froid en plein hiver. Ceridwen s’était emmitouflée dans un gros pull et avait mit une écharpe et elle était prête à sortir. En sortant de sa chambre, elle tomba sur son père, surpris. « Tu sors, mon trésor ? » lui dit-il sans cacher la surprise qui l’animait. Bien sûr, Tobias n’était pas contre voir sa fille sortir mais il se demandait si elle allait bien, inquiet. « Oui, j’ai besoin de prendre un peu l’air, papa. Je vais au cinéma, je ne sais pas à quelle heure je rentre, j’irais peut-être voir deux séances d’affilé. » « Attends. » dit-il en sortant de sa poche son portefeuille. Il en sortit un billet et le lui tendit, insistant. « Papa, t’inquiètes pas, vous en aurez plus besoin que moi.. » En effet, sa mère s’était faite renvoyée de son travail parce qu’elle n’y avait plus remis les pieds depuis la mort de son fils Nolan. Ils n’avaient donc plus qu’une source de revenue pour trois. « J’insiste. » Ceridwen refusa de prendre le billet. « Je vais mieux, papa. Je reprendrais mon travail très bientôt, il me reste encore des économies. J’y vais, je ne veux pas rater la séance. » Ceridwen entendit son père soupirer en quittant l’appartement. Elle n’allait quand même pas appauvrir ses parents qui avaient déjà tant fait pour elle. Elle était indépendante, elle pouvait satisfaire ses propres besoins. Il fallait qu’elle trouve à nouveau des jeunes élèves à qui donner des cours pour gagner des sous, ou un autre petit boulot qui lui permettait d’aller au lycée sans être trop fatiguée.

En passant dans une rue près d’un bar, Ceridwen vit un gars détaler, puis deux. Elle se demandait ce qui s’était passé pour que ces deux là aient si peurs. Alors qu’elle allait s’éloigner et se rendre au cinéma, elle entendit un cri qui lui glaça le sang. Il se passait définitivement quelque chose dans la petite allée derrière le bar. Ceridwen était partagée, mais elle préféra aller voir. Elle ne pouvait pas laisser un homme souffrir comme ça, peut-être qu’il était blessé. La jeune fille avança discrètement, heureusement qu’elle était en ballerine et pas en talons, et se cacha derrière le mur. Elle sortit très légèrement sa tête pour regarder ce qui se passait et son sang se glaça. Pendant d’un jeune homme rouait de coup un pauvre homme au sol, une jeune femme blonde le torturait d’une toute autre façon. Des sorciers. Ceridwen les reconnut tout de suite en tant que tels. Sa main se resserra instinctivement sur son poignard. Elle ne sortait plus sans lui depuis que son père le lui avait confié. Il fallait qu’elle aide ce pauvre homme avant qu’il ne se fasse tuer, lui aussi, par ces monstres de sorciers. Elle ne pensait plus qu’à ça. Sortant discrètement de sa cachette, Ceridwen sortit son poignard de sa ceinture. Elle l’avait déjà fait en s’entraînant, elle pouvait très bien le refaire si elle se concentrait. Transpercer une pastèque n’était pas très différent de transpercer une tête de sorcier. Elle se concentra sur sa cible, le jeune homme, celui qui lui semblait être le plus dangereux, celui qui l’effrayait le plus. Avec force et agilité, Ceridwen lança son poignard en sa direction.

Échec. Alors qu’il ne restait qu’un mètre pour atteindre la tête du jeune brun, d’un tour de magie, la jeune femme blonde fit voltiger le poignard à l’autre beau de la rue. Ceridwen s’arrêta alors de respirer et se figea sur place. D’un coup, elle vit la jeune femme disparaître. Était-elle devenue invisible ? Soudain, Ceridwen entendit du bruit derrière elle. Non, la jeune femme s’était téléportée derrière elle, ou transplanée comme ils diraient. « C'est moi ou les moldus ont des envies suicidaires ce soir ? » dit la voix de la blonde qu’elle entendit pour la toute première fois. Ceridwen se retourna d’un coup. Mais maintenant, elle était dos à la scène avec l’homme et le jeune homme et n’aimait pas beaucoup ça. Mais c’était toujours mieux qu’être dos à la blonde juste derrière elle. Ceridwen n’aimait pas beaucoup que l’on l’appelle moldu. Elle trouvait ce mot insultant parce qu’elle n’acceptait pas le monde des sorciers. Ceridwen lança un regard mauvais à la blonde. Elle semblait à peine plus âgée qu’elle mais le maquillage la trompait peut-être sur son âge. Cette fille était un véritable pot de peinture. « Laissez cet homme tranquille. » dit Ceridwen sur un ton de défi. Mais elle savait que face à deux sorciers et désarmée, elle n’allait pas aller très loin. Elle espérait qu’ils ne la reconnaissent pas car elle était beaucoup passée à la télé à cause de la mort de son petit frère. Elle jeta un rapide coup d’œil à son poignard, à une dizaine de mètres d’elle, inaccessible. Elle était maintenant sans défense, tout comme l’homme gisant au sol. Ceridwen retourna rapidement son regard vers la blonde, lui cracha au visage et se mit à courir.

Il savait frapper.

Il avait toujours su, c’était dans son sang, dans ses habitudes, c’était en lui comme il se trimbalait une ombre, une éducation, des regrets, des remords. Enchainer les coups, en donner encore et encore pour évacuer sa rage, c’était normal. Depuis son enfance, depuis les cours de récréation mal fréquentée où il devait imposer sa volonté pour ne pas se faire bousculer, il avait appris à s’imposer de la sorte, vindicatif et belliqueux, hargneux petit garçon devenu adolescent brutal et jeune homme violent, marginal aimant cogner. Ce n’était probablement pas la chose la plus saine au monde, certes, mais Black Jack n’était pas sain. Il ne l’avait jamais été et dernièrement, la tendance ne s’arrangeait en rien alors, perdu dans cette allée ridicule, sous l’œil souffreteux et crasseux de l’ampoule cachée derrière le panneau ‘Exit’, il tapait à s’en briser les phalanges, le souffle court, la nuque courbée. Coups de pieds, coups de poing, il s’en foutait, complètement, sentant le corps qu’il malmenait se tordre et souriant à cette idée. Certes, Pilot aidait un peu mais à cet instant, il était tout puissant et le sentiment était grisant, annihilant, une impression d’impunité, une force qu’il pouvait tordre et transformer en arme… C’était surement pour cela qu’il aimait attaquer à la manière moldue, parce qu’il y trouvait une certaine satisfaction.

Parce qu’il pouvait se venger. Et qu’il avait en lui trop de colère pour laisser passer une occasion de lâcher du lest, de lancer sa fougue destructrice sur quelqu’un.

Quelqu’un qui venait d’insulter Pilot, quelqu’un qui avait voulu jouer au plus fin avec eux, quelqu’un qui ne s’était pas contenter de sa première raclée et qui en avait voulu plus. Ce mec, allongé sur le pavé crasseux dans cette allée pourrie, avait un sérieux problème de loyauté vis-à-vis de ses amis. Manque de courage, manque de détermination. Peut-être que cela venait de l’éducation, peut-être était-ce dans les coutumes locales que de laisser tomber un camarade en train de se faire tabasser… Au fond, Black Jack ne cherchait pas. Tout ce qui importait, c’était que ce garçon, là, pathétique, paye pour ce qu’il avait dit. Lui et Pilot n’avaient absolument rien du couple parfait mais quelques principes perduraient : il lui tenait la porte en entrant quelque part, il lui payait ses conso d’alcool, ses repas et il prenait la mouche lorsqu’un autre type s’amusait à la rabaisser. Jalousie, non, il pouvait gérer. Mal. Mais il gérait. En revanche, la violence et la vulgarité, non, il ne tolérait pas. C’était pour une raison particulièrement débile en apparence : Lui seul avait le droit de s’en prendrait à elle, lui seul pouvait la tourmenter. En réalité, il cherchait à la protéger, quelque part, même s’il ne se l’avouait pas. Ce n’était de toute façon ni le lieu, ni l’endroit et ce mec qui avait traité la jeune femme de salope était sa seule préoccupation…

Il n’entendit d’ailleurs pas ce que la jeune femme lança à la volée, continuant son manège alors qu’elle transplanait. C’était ça, l’avantage d’être deux dans ce genre de coup : il pouvait se concentrer entièrement sur sa victime pendant que Pilot montait à moitié la garde… même si à cet instant, elle aurait pu lui annoncer l’arrivée d’un troll, il ne l’aurait pas entendu. Il aurait dû, peut-être, car cela lui aurait évité de sursauter alors qu’une autre voix se mêlait aux bruits des coups portés. « Laissez cet homme tranquille » déclara la jeune femme qu’il remarquait à peine. Plus petite que Pilot, elle semblait aussi plus chétive, probablement parce qu’elle ne portait pas de talons vertigineux, parce qu’elle n’avait pas l’avantage et n’en menait pas large. De loin, il regarda la scène et compris alors. Moldue, une foutue moldue qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Idiote, vraiment. Attaquer deux sorciers en des temps si troublés alors qu’elle était seule, deux sorciers qui de surcroit étaient en train de torturer un homme, un adulte, pas un gamin… Il ne remarqua que tardivement qu’elle était relativement près de lui et qu’il y avait un couteau brillant qui reposait à présent sur le pavé sale. Vraiment ?

Il afficha un grand sourire en se redressant à moitié. Une Hunter, une petite chasseuse. La soirée venait de devenir intéressante.

D’autant plus qu’elle s’avérait téméraire. Elle cracha au visage de Pilot et Black Jack manqua d’éclater de rire, presque désolé pour elle. Combien de temps faudrait-il à la grande blonde pour arracher les yeux de cette gamine ? Quinze, vingt secondes ? Il afficha un sourire narquois, venant se placer derrière elle, juste en face de celle qui partageait sa vie, ses draps et qui lui tapait si souvent sur le système. Il en avait oublié l’autre imbécile à présent inconscient, rendu silencieux par les sortilèges de Pilot et immobile par les coups du jeune homme. Tendant une main, il dégagea une mèche de cheveux du cou de cette nouvelle victime fortuite, ne regardant pas son visage, trop amusé par les flammes qu’il voyait danser dans le regard de sa compagne malgré la pénombre. « C’était con, ça, comme décision… » souffla-t-il, doucereux « on ne t’a jamais dit ‘baisse tes yeux, passe ton chemin, les contrebandiers passent’ ? » il aimait les vieilles histoires de pirates et il avait grandi avec ce genre d’adage, récolté aux quatre vents et qu’on se passait encore aujourd’hui dans les petits villages du Sud de l’Angleterre.

L’instant d’après et avant que Pilot ne puisse planter ses ongles dans la chair tendre de la demoiselle, il avait attrapé ses cheveux et tirait sa tête en arrière, la poussant au passage, la malmenant et l’entrainant jusqu’à son petit camarade « Tu sais, il est presque mort, t’aurais pas pu l’aider, t’aurais mieux fait de rentrer chez toi… » Il n’était pas si tard mais elle semblait très jeune, il s’en rendait compte à présent alors qu’il la forçait à regarder le visage tuméfié de la première victime, ce type qui n’avait rien fait d’autre que de dire la vérité au sujet de Pilot, au fond. Tournant la tête, il posa un regard sombre sur cette dernière, se concertant en silence et dans la foulée, il poussa la moldue jusqu’au mur, la lâchant complètement et laissant ses omoplates claquer contre le mur glacé.

C’était une gamine, oui, mais si elle jouait les grandes, il se ferait un malin plaisir d’abîmer son visage de poupée de porcelaine.

Pilot ne savait pas ce qui la mettait le plus en colère. Le fait que ce ne soit qu'une moldue qui ose s'interposer comme ça, ou bien que ce ne soit qu'une gamine. Sûrement une combinaison des deux qui avait le don de lui faire dresser les poils des bras. Le pire dans cette histoire c'est que même désarmée, elle gardait cette petite attitude sûre d'elle alors que clairement, elle ne savait pas à qui elle avait à faire. « Laissez cet homme tranquille. » Un sourire étira les lèvres de la blondinette. La scène était juste trop hilarante pour qu'elle se retienne d'en sourire mais bien vite son amusement fut balayé quand la jeune inconnue lui cracha au visage. Il lui fallu un bon moment avant de pouvoir bouger à nouveau tant le geste l'écœurait et la foutait dans une rage sans précédent. Alors qu'elle s'apprêtait à s'enfuir, Black Jack la retint un peu trop facilement et tandis qu'il balançait un sourire amusé par la situation à son tour, il souffla « C’était con, ça, comme décision… » Et comment. La blondinette allait répliquer à son tour qu'elle aurait mieux fait de passer son chemin mais le jeune homme la coupa et rajouta. « On ne t’a jamais dit ‘baisse tes yeux, passe ton chemin, les contrebandiers passent’ ? » et un sourire étira de nouveau ses lèvres alors qu'elle essuyait enfin son visage avec le revers de sa manche. Avant même qu'elle ait pût esquiver un geste envers la jeune femme -une gifle, lui griffer le visage, un coup de poing dans le ventre... rien- Black Jack l'attrapait par les cheveux et la menait vers le corps inanimé de l'homme. Était-il mort ou simplement inconscient ? Pilot haussa les épaules, aucun intérêt, elle s'en foutait au fond.

« Tu sais, il est presque mort, t’aurais pas pu l’aider, t’aurais mieux fait de rentrer chez toi… » et comme pour confirmer les dires du Dolohov, Pilot ricana, mauvaise. C'était sûr qu'elle allait passer un mauvais quart d'heure. Peut-être qu'elle, ils ne la tueraient pas mais elle allait garder des marques pendant un sacré moment et y réfléchira sûrement à deux fois avant de s'interposer entre deux sorciers et leurs victimes. D'un pas lent, Pilot suivit la petite et son bourreau jusqu'au fond de l'allée alors que le brun penchait le visage de la gamine au-dessus du corps ensanglanté de l'inconnu du bar. Pi quant à elle, ramassa le couteau qu'elle avait lancé quelques minutes plus tôt et examina l'objet dans la faible lueur du lampadaire. Il était plutôt beau, avec une poignée dorée et alors qu'elle passait le doigt sur la lame, elle se rendit compte qu'il était aussi extrêmement bien affuté. Le bruit d'un corps balancé contre un mur attira de nouveau son attention et la belle se plaça à la droite du jeune homme, empêchant ainsi à la gamine toute retraite. C'était soit elle fonçait dans le mur, dans Black Jack ou dans Pilot. Dans les trois cas, elle était fichue. Soupesant sa nouvelle arme, la blondinette esquissa encore un sourire et le fit tourner un moment dans ses mains avant de le pointer dans la direction de la jeune femme. « Mais bon, maintenant que t'es là, on va s'amuser un peu. » balança-t-elle avant de faire un pas en direction de l'inconnue.

D'un geste un peu brusque, elle posa la lame du couteau sur la gorge de la gamine, le laissant glisser de haut en bas, le sourire aux lèvres. « C'est un beau couteau que t'as là. C'est ton papa qui te l'as donné pour te défendre contre les vilains sorciers comme nous ? » Elle avait pris une voix de gamine insupportable et avait esquissé une moue comme pour bien faire comprendre que ces propos étaient moqueurs et visaient son trop jeune âge. Finalement, elle laissa glisser la lame jusqu'au visage de la gamine, se rapprochant dangereusement de son œil. Elle resta un court instant là, la lame à quelques centimètres de globe oculaire de la belle pour bien lui faire comprendre qu'elle serait capable d'enfoncer l'arme jusqu'à la garde dans son crâne. Au final, elle baissa le poignard et le laissa glisser sur sa joue, appuyant un peu plus à un moment pour laisser une fine estafilade sur le visage de porcelaine de la gamine. Son manège finit, elle recula et reprit un visage un peu plus sérieux jonglant du regard entre Black Jack et le sang qui commençait doucement à perler sur la joue de l'inconnue. Elle avait finit de jouer pour l'instant et elle laissait le champ libre au jeune homme, comme deux gamins qui venait de trouver un nouveau jouet et qui se le prêtait à temps égal, l'abimant un peu au passage mais s'en foutant complètement.