» chapitre 1 ➸
la naissance d'un ange

« Maman, comment il s’appelle ? » demanda Ceridwen à sa mère, les yeux écarquillés. Aimee tenait dans ses bras le nouveau-né de la famille Dalton. Face à elle, sa petite fille de sept ans trépignait d’impatience et de bonheur à l’idée d’être grande sœur. Son mari, Tobias, se tenait derrière elle. Aimee leur offrit un sourire à tous les deux. Elle avait choisi le nom de bébé seule, elle était donc la seule à le connaître. Après un moment de suspense, elle leur annonça la nouvelle. « Je vous présente Nolan. » Ceridwen baissa à nouveau les yeux vers le poupon. Nolan. Il avait déjà une bouille adorable. C’était son petit frère et elle allait prendre soin de lui toute sa vie parce qu’elle l’aimait déjà énormément. Ceridwen s’approcha alors et caressa doucement sa petite main. Un sourire illumina le visage de la petite fille quand il se mit à réagir. Malheureusement, quelques secondes plus tard, il se mit à pleurer. « Il pleure. J’ai fait quelque chose de mal ? » demanda-t-elle, inquiète. Elle ne fréquentait pas beaucoup de bébés, elle avait donc peur de mal agir envers lui. Elle voulait être une bonne grande sœur. Sa mère rigola en berçant doucement le petit garçon. « Mais non, c’est qu’il a faim, ou peut-être qu’il est fatigué. » lui dit-elle en essayant de la rassurer. Mais cela ne fit qu’inquiéter Ceridwen un peu plus. S’il avait faim, alors il fallait le nourrir tout de suite ! Et s’il avait envie de dormir, il fallait le laisser se reposer. Ceridwen se tourna alors vers son père et lui prit la main. « Viens papa, il faut laisser dormir Nolan. Tu viendras le voir demain, moi j’ai école. » Tobias sourit à sa fille, embrassa sa femme et se laissa conduire jusqu’à la voiture. Ceridwen était une petite fille très débrouillarde et très mature pour son âge. Son père était très fier d’elle. « Dis papa, tu m’emmènes manger une glace ? » dit-elle avec une moue adorable. En ce jour, Tobias ne pouvait rien refuser à sa fille qui avait su se montrer si sage à la clinique. Il acquiesça. Un sourire étira les lèvres de Ceridwen. Elle avait toujours tout ce qu’elle voulait, de toute façon et elle était contente de voir que la naissance de Nolan n’y changeait rien.

» chapitre 2 ➸
un amour presque maternel

« Réveilles-toi, Nolan. » dit tout doucement Ceridwen à son petit frère pour le sortir de son sommeil. Il fallait qu’il se prépare pour aller à l’école. Ceridwen était déjà réveillée depuis plus d’une demi-heure, elle s’était habillée avant pour qu’il dorme un peu plus longtemps. Elle avait même eu le temps de préparer le petit déjeuner. Nolan se frotta les yeux. « Elle est où maman ? » demanda-t-il d’une voix toujours endormie. C’est vrai que d’habitude, c’était elle qui venait le réveiller, il devait donc être un peu déboussolé. « Elle est allée à Paris à cause de son travail, tu te souviens ? Elle est partie très tôt. Papa est déjà au travail. » lui expliqua-t-elle calmement. Elle le serra alors dans ses bras. « Elle reviendra très vite, ne t’inquiètes pas mon bébé. » A seulement douze ans, Ceridwen s’occupait parfaitement de son petit frère, alors âgé de cinq ans. Nolan aimait beaucoup sa sœur et n’était pas un enfant très difficile. Il était adorable comme un cœur. Elle n’échangerait son rôle pour rien au monde. « Je suis pas un bébé. » répondit-il en se levant pour aller se préparer.

» chapitre 3 ➸
l’échec du mariage

« T’inquiètes pas Nolan, je te promets qu’on se reverra très bientôt. » Ceridwen prit son petit frère dans ses bras tout en voulant sécher ses larmes. Tobias et Aimee avaient divorcés car depuis quelques temps, plus rien n’allait. Au moins, les deux enfants n’auraient plus à supporter leurs disputes. Le problème, c’était que le frère et la sœur allaient être séparés. Tobias tenait à prendre son fils avec lui et l’emmener à Bristol. Aimee devait rester à Londres à cause de son travail très prenant et Ceridwen y était également scolarisée. Comme Ceridwen et Nolan étaient très proches, la séparation n’était pas facile. « Tu viendras me voir, hein ? » dit la jeune garçon en regardant sa sœur avec des yeux irrésistibles. Ceridwen lui répondit par un sourire calme et chaleureux. « Bien sûr, je viendrais aussi souvent que possible. » Ce qui voulait dire, tous les week-ends si elle le pouvait. Cela n’allait pas être facile parce que faire le voyage en bus tous les week-ends serait assez couteux et en plus de ça, elle allait bientôt entrer au lycée. Les frais de scolarité étaient aussi chers et ses parents ne pouvaient pas se permettre de vraiment l’aider, du moins pas avec deux maisons à payer à présent. « Et il y a internet aussi, tu pourras mettre la webcam et ce sera comme si on était l’un en face de l’autre. » Nolan n’avait pas vraiment l’air convaincu mais c’était juste le temps qu’il se fasse à l’idée d’habiter dans une autre ville et puis Bristol n’était pas un trou perdu, il y aurait plein de choses à faire. Nolan se ferait très vite des amis, il était si adorable. « Tu m’appelleras au téléphone ? » demanda-t-il encore. Il n’avait vraiment pas envie de monter dans la voiture de son père. Ce dernier attendait patiemment derrière le volant, tous les bagages étaient déjà chargés. « Tous les jours. » répondit sans hésitation Ceridwen. Appeler entre téléphones fixes était gratuit, de toute façon. Pour son petit frère, elle déplacerait des montagnes. Après un dernier câlin, Ceridwen ouvrit la porte de la voiture pour son frère et quand il fut monté, la referma. Elle dit au revoir à son père, puis à nouveau à Nolan. Quand la voiture démarra, elle fit agita à la main, tout comme Nolan. Elle ne cessa que quand la voiture fut hors de vue. Enfin, elle s’autorisa à être moins forte et versa quelques larmes. Elle ne pouvait pas se le permettre devant Nolan, mais il était parti. Ils allaient tous les deux lui manquer.

» chapitre 4 ➸
surmonter chaque difficulté

Grâce à son attitude sérieuse et studieuse, Ceridwen obtint une bourse pour entrer dans un lycée prestigieux à Londres. Ses bonnes notes lui ouvraient de nombreuses portes et elle ne savait pas exactement ce qu’elle voulait faire plus tard. Elle s’était donc inscrite à plusieurs options d’initiations qui lui prenaient du temps mais qui élargissaient ses possibilités. Après les cours, quatre soirs sur cinq, Ceridwen donnait des cours à d’autres élèves contre rémunération. Grâce à cet argent, elle pouvait payer son école mais aussi les nombreux voyages qu’elle faisait vers Bristol pour voir son père et son petit frère. Heureusement, elle avait déjà la bourse pour payer le lycée. Et donc deux ou trois week-ends par mois, parfois même chaque week-ends, Ceridwen prenait le bus et se rendait à Bristol. Elle n’avait presque aucun instant de répit, mais c’était pour le mieux.

« Tu es en retard. » dit Ceridwen au beau garçon avec qui elle avait rendez-vous à la bibliothèque. Il était son binôme de sciences sociales et ils avaient un exposé à faire. Sauf que ce gars là était plutôt fils à papa, né avec une cuillère en or dans la bouche. Tout ce que Ceridwen détestait. Elle, elle avait travaillé dur pour être où elle était. Lui se fichait pas mal d’avoir ses examens ou pas, il aurait toujours autant d’argent toute sa vie. « J’étais à une soirée hier, je ne me suis pas réveillé. » lui dit-il comme excuse. C’est vrai qu’ils avaient rendez-vous assez tôt le matin, mais c’est parce que Ceridwen partait à Bristol en début d’après midi. Grosso modo, il ne leur restait que une heure et demi, au grand maximum, pour travailler. « Tu as bien avancé ? » demanda-t-il ensuite. Ceridwen arqua un sourcil. Il était vraiment en train de croire qu’elle aurait fait son travail à sa place en son absence. Ce gars là, sous prétexte d’être beau et riche, se croyait vraiment tout permis. « Déjà, quand on arrive en retard, on s’excuse. » lui dit-elle. Puis elle referma le livre qu’elle était en train de lire. Elle allait lui apprendre les manières à ce gosse de riches. « J’ai presque terminé ma partie pendant que toi tu dormais, mais je n’ai pas touché à la tienne. Je ne suis pas ton esclave. Néanmoins, je t’apporterais mon aide si tu en as besoin. » Ceridwen regarda sa montre. « Tu as exactement 59 minutes et 20 secondes. 19. 18. 17. » Puis offrit un doux sourire au garçon qui devait la prendre pour une folle. Il ne devait pas être habitué à être traité comme ça dans son cocon doré. Il mit quelques secondes avant d’aller chercher des livres. Pendant ce temps, Ceridwen se mit à travailler pour terminer sa partie. De temps en temps, elle sentait le regard du garçon se poser sur elle mais elle préféra l’ignorer. Au bout d’une vingtaine de minutes studieuses, il brisa le silence. « Tu sais, il y a une autre fête vendredi prochain.. ça te dirait de venir ? » demanda-t-il à la demoiselle. Elle leva les yeux vers lui. Personne ne l’avait encore jamais invité à une fête dans son lycée, elle ne faisait pas parti du même monde qu’eux. « Tu perds du temps. » répondit-elle simplement, elle replongea dans sa lecture. Même si elle avait l’air tout à fait désintéressée, la nouvelle couleur rouge de ses joues la trahissait. Mais elle ne pouvait pas se le permettre, elle n’avait pas le temps pour tout ça.

» chapitre 5 ➸
découverte du monde magique

« Bonjour. » dit Ceridwen à sa mère, attablée dans la cuisine et prenant son petit déjeuner. Elles étaient toutes les deux encore en pyjama. Il faisait déjà assez chaud pour une matinée, l’été était bien là. « Bonjour ma chérie. » répondit cette dernière en ouvrant son journal. C’était une habitude qu’elle n’avait prise que récemment afin de se tenir informée de l’actualité. Ceridwen versa des céréales dans un bol et y ajouta du lait, puis elle alla poser son bol sur la table et s’asseoir. Deux secondes plus tard, Aimee recracha son café. « Ça va pas ? » dit Ceridwen, inquiète pour sa mère. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Aimee avait les yeux grands ouverts devant son journal. « T’as gagné au loto ? » demanda la fille à sa mère. La mère de Ceridwen secoua vivement la tête et parcourut à nouveau l’article. Ceridwen haussa les épaules et commença à manger, elle avait faim. Soudain, après seulement deux cuillères, sa mère lui tendit le journal pour qu’elle le lise. Ceridwen soupira mais s’exécuta. Elle écarquilla elle aussi les yeux. Quoi ? De la magie ? C’était n’importe quoi. Décidément, le Monde n’était plus le journal qu’il était avant. « C’est n’importe quoi. » dit-elle à sa mère. Ceridwen continua à manger. Mais en fait, dans sa tête, elle se disait que si c’était vrai, un monde dont ils ignoraient l’existence existait peut-être, un monde parallèle. La magie était l’objet de nombreux contes, cela devait être merveilleux. Elle se surprit à y penser toute la journée. Le soir, au journal télévisé, le ministre fit une apparition. « Tu vois, Ceridwen, ce n’est pas n’importe quoi. Incroyable. » commenta Aimee, assise sur le fauteuil. Elle regardait les informations en boucle depuis plus d’une heure. Ceridwen vint se joindre à elle, elle n’en croyait pas ses yeux. C’était limite si elles ne sortaient pas le popcorn. Quelques minutes, elle appela son père et son frère et ils discutèrent toute la soirée des évènements.

Le lendemain, quelqu’un sonna à la porte. C’était Jefferson, le garçon du binôme de sciences sociales. Ils étaient devenus amis, ils commençaient à bien s’entendre. Jefferson craquait pour Ceridwen, mais elle se laissait désirer. Bien sûr, Jeff était très beau et il était moins antipathique qu’elle ne l’aurait cru, mais elle ne pouvait pas se permettre de tomber amoureuse. « T’as vu, des sorciers, qui l’aurait cru.. » lui dit-il alors, avec un sourire. Il croyait lui apprendre la nouvelle, là ? Il avait fait le chemin jusqu’à chez elle pour lui annoncer ça alors qu’il aurait simplement pu lui téléphoner ? « Tu venais juste pour me dire ça ? Je regarde aussi la télé. » Mais elle le laissa entrer. Elle connaissait déjà la réponse, il venait pour la voir elle. Les deux adolescents allèrent dans la chambre de la jeune fille pour parler plus tranquillement. Ils discutèrent du monde magique pendant quelques longues minutes, mais la conversation dériva bien vite. « Je ne suis pas un sorcier, mais tu pourrais quand même t’intéresser à moi.. je t’ai prouvé que je ne suis pas qu’un gosse de riche, non ? » lui dit-il tout en s’approchant un peu plus de Ceridwen. Cette dernière plongea son regard dans celui de Jefferson. Il lui plaisait bien, finalement. Mais elle était tellement débordée. Certes là, c’était les vacances d’été mais quand les cours recommenceraient, ce serait impossible à gérer. En plus de ça, s’il y avait le moindre problème entre eux, tout le lycée serait au courant. Jefferson l’embrassa alors, et elle se laissa faire. « Laisses-moi du temps.. pour réfléchir. » lui dit-elle alors. Il accepta. En attendant, ils resteraient amis. Et Ceridwen prit vraiment tout son temps parce qu’à la rentrée, elle n’avait toujours aucune réponse à lui donner. Ni en Octobre, ni en Novembre, ni en Décembre. Pourtant, elle pensait de plus en plus à lui. Il était gentil, il la faisait rire, alors pourquoi pas ? Elle allait lui donner sa réponse après les vacances des fêtes de fin d’année.

» chapitre 6 ➸
31 décembre, fin du monde

Aux vacances de fêtes de fin d’année, Ceridwen alla passer les deux semaines à Bristol chez son père et son petit frère. Elle était extrêmement heureuse de les revoir. Les vacances étaient parfaites, elle passait son temps à jouer avec Nolan et à discuter avec son père. Bien sûr, de temps en temps, elle faisait ses devoirs, mais rien n’était plus important que passer du temps avec sa famille. Ceridwen avait préparé une surprise à son petit frère. Cela faisait déjà presque un mois qu’elle en parlait régulièrement à ses parents tellement elle était impatiente. Elle avait décidé de sortir le 31 décembre. Elle voulait emmener son frère voir un spectacle sur la place central. Elle était bien assez grande pour emmener son frère, et lui aussi était assez grand pour se surveiller. En plus, ça leur ferait un super souvenir avant qu’elle ne retourne étudier à Londres. Quand le jour arriva, Ceridwen annonça la nouvelle à Nolan. « Devine où je t’emmène.. » Mais elle n’arriva pas à garder le suspense très longtemps. Nolan sauta de joie, il était très heureux d’aller voir le spectacle du millénaire, surtout avec sa grande sœur. « Tu es la plus cool des grandes sœurs du monde. » lui dit-il alors, il le pensait vraiment. Les heures passèrent très longuement jusqu’à leur départ pour le centre-ville. Avant qu’ils ne partent, Tobias donna quelques dernières consignes à sa fille, histoire de l’embêter un peu. « Tu ne le perds pas et surtout, tu me le ramènes vivant. » dit-il tout en rigolant. Si seulement ils savaient. Ceridwen promit alors à son père qu’ils ne rentreraient pas trop tard. Nolan et Ceridwen prirent le bus et arrivèrent en une demi-heure. Ils étaient tous les deux très excités.

Quand une explosion lointaine retentie. Ils se regardèrent, paniqués. C’était assez loin et ils étaient loin de se douter qu’une autre bombe allait exploser à quelques mètres d’eux. Assourdissante. Ceridwen, qui avait pris la main de son frère pour l’éloigner, du le lâcher pour se boucher les oreilles. Des cris retentirent un peu partout dans la ville. Elle ferma les yeux un instant. Deux secondes plus tard, elle les ouvrit en se faisant bousculer. Autour d’elle, c’était la panique, des dizaines de personnes, ou peut-être même des centaines venues voir le spectacle, étaient en train de fuir. Paniquée, Ceridwen regarda autour d’elle. Nolan avait disparu. « Nolan ? NOLAN ? » Elle avait une énorme boule au ventre. Elle ne pouvait pas avoir perdu son frère. Une nouvelle explosion retentit sur la maison en face d’elle. Le souffle de l’explosion la propulsa au sol, elle était blessée, son flanc droit saignait. Elle avait mal, c’était une entaille profonde faite par l’explosion d’une vitre, mais elle pouvait toujours se lever et chercher. Elle pleurait, elle avait mal. Mais elle n’arrêta pas de l’appeler. « Nolan ! Nolan ! » Les explosions s’étaient arrêtées, il y en avait eu beaucoup trop pour qu’elle ne puisse les compter. Les secours arrivèrent, elle entendit les sirènes. Autour d’elle, beaucoup de fumée, du feu, des blessés mais aussi des morts. Et son frère introuvable. Soudain, son portable se mit à vibrer. 23 appels manqués. Elle n’y avait pas fait attention jusque là. C’était son père. Elle n’osa pas décrocher et s’écroula, désespérée, anéantie.

« Ceridwen, réveilles-toi. » Il faisait jour quand Ceridwen ouvrit les yeux. Elle avait été soignée, un bandage faisait le tour de sa taille. Elle leva les yeux vers la voix de son père. Il l’avait finalement trouvée. Soudain, elle se releva en panique. « Où est Nolan ? » Tobias secoua la tête, personne n’avait vu le garçon pour l’instant. Ceridwen craqua à nouveau et se mit à pleurer. « Papa.. je suis.. je suis.. désolée. » Elle pleurait à chaude larmes. Sa tête lui faisait mal comme elle ne l’avait jamais fait souffrir. Qu’était-il arrivé à Nolan ? Et que s’était-il passé ? Elle avait perdu son frère, elle s’en voulait terriblement. Le pauvre devait être dans une rue, perdu, probablement secoué par tout ce mouvement. « Papa, que s’est-il passé ? » Alors il lui expliqua tout ce qu’il savait. Que des sorciers avaient fait des attentats, qu’il y avait plusieurs morts et que les secours cherchaient toujours les disparus, que le monde était en ébullition devant cette affaire. Elle pleura pendant un bon moment jusqu’à ce que quelqu’un vienne les chercher. D’un coup, les deux se levèrent. Le visage de l’homme était grave, il apportait de mauvaises nouvelles. Et soudain, ses jambes lâchèrent, mais son père la retint avant qu’elle ne tombe. Ils se rendirent sur les lieux. Elle avait deviné juste. Au sol, le corps brisé de son petit frère. Nolan était mort. Nolan avait été assassiné par ces monstres de sorciers. Il avait été meurtri. Ceridwen s’effondra à ses côtés tout comme leur père, son père. « Nolan, pourquoi ! Pourquoi ! » Elle était inconsolable. Ceridwen caressa le visage de son frère. Elle ne le verrait plus jamais sourire. Il ne lui parlerait plus jamais. Il était mort. Et tout ça, c’était de sa faute. Elle avait décidé de sortir le 31 décembre.

» chapitre 7 ➸
la chasse aux sorciers est ouverte

Toujours inconsolable, Ceridwen rata la rentrée scolaire, bien qu’elle soit retournée à Londres quelques jours après l’enterrement de son petit frère. Elle passait ses journées au lit, à pleurer ou à regarder dans le vide. Sa mère aussi était une épave. L’une n’embêtait pas l’autre, elles se croisaient rarement. Tobias était revenu vivre avec elle, pour prendre soin d’elles. Il était plus fort qu’elles, il les nourrissait et les consolaient comme il le pouvait. Il répondait au téléphone, payait les factures, les soulageaient un peu. Ceridwen, elle, ne faisait que repenser au jour de l’attentat. Elle avait de plus en plus de souvenirs, tous plus horribles les uns que les autres. Elle se souvenait à présent des sorciers, ces monstres avec leurs baguettes magiques. Tout était sombre, mais elle y voyait de plus en plus clair. Elle était persuadé que l’un d’entre eux avait brisé, tué son petit frère de sang froid et la colère montait en elle. La nuit, elle en faisait des cauchemars. Peu à peu, l’envie de vengeance s’installa, sa haine pour les sorciers augmenta. Un jour, elle en parla à son père. Tobias lui dit « Tu sais, c’est normal d’avoir cette colère en toi, mais tu ne devrais pas la refouler, la garder pour toi. Elle te pourrirait, tu deviendrais folle. » Ceridwen réfléchit alors à ces paroles. Si elle ne devait pas refouler sa colère, comment pouvait-elle la laisser sortir ? Elle deviendrait incontrôlable, violente et dangereuse. Sa haine était plus forte que tout, aussi forte qu’elle aimait Nolan. « Même si cela signifie.. tuer ? » demanda-t-elle à son père, inquiète de sa réaction. Oui, elle voulait tuer ces monstres, ils étaient tous mauvais, tous des terroristes. Un jour ou l’autre, ils causeraient leur perte. Elle ne s’y était pas attendue, mais Tobias hocha la tête doucement. Il se leva, quitta la chambre et revient quelques minutes plus tard avec un objet couvert emballé dans un tissus et le lui donna. Ceridwen leva les yeux vers lui, puis se concentra sur l’objet. Elle l’ouvrit et trouva un magnifique poignard au manche doré. « C’était à ton grand-père, il aurait voulu que tu l’ais, surtout en ces temps troubles. Tu pourrais t’en servir pour te défendre si tu tombes sur l’un d’eux.. tu n’as pas à avoir peur de sortir de là. Le monde était mieux quand personne ne soupçonnait leur existence. Ils ont pris ton frère.. quoique tu fasses avec ça, je ne t’en voudrais jamais. » Tobias déposa un baiser sur le front de sa fille et sortit définitivement de la chambre. Ceridwen prit le poignard dans ses mains et imagina tout ce qu’elle pouvait faire avec. Le lendemain, elle commença à s’entrainer à le manier. Les jours suivants également. Aux informations, elle entendit parler d’un nouveau groupe, un groupe appelé Hunter et qui partaient en guerre contre les sorciers pour éliminer leur race. Cette information retint grandement son attention. Il fallait qu’elle venge Nolan. A partir de ce moment là, Ceridwen avait décidé de reprendre sa vie en main, elle ne pouvait plus rater ses cours et son travail, Nolan n’aurait pas voulu ça. Mais en dehors, si elle croisait un jour la route d’un sorcier, alors elle laisserait peut-être la haine prendre le pas sur la raison. Les gens qui n’ont plus rien à perdre sont souvent les plus dangereux.