Voici venu le temps des rires et des chants.

3 ans ~ 

Du haut de ses trois ans, il ne comprenait pas réellement toute cette agitation. Pourquoi sa maman partait ? Où allait-elle ? Les abandonnait-elle, lui et Khalysta ? Pour rester juste avec son futur nouveau bébé ? Elle ne les aimait plus ? Pourtant, il était sage. Toujours poli. Il ne criait pas. Ne faisait pas de caprices, ni de bêtises. Pourquoi les abandonnait-elle ? Ses yeux se remplirent inconsciemment de larmes et Arès mordit machinalement dans l'oreille déjà bien abîmée de son lapin. Il ne voulait pas que sa maman parte comme ça. Avec son papa en plus. Qu'allaient-ils devenir ? Un hoquet de tristesse lui échappa, suivit d'une flopée de larmes incontrôlables qui s'écrasaient sur la tête de la peluche bleue. Puis une petite main blanche vint prendre la sienne, la serrant avec affection. « Pourquoi pleures-tu ?» Arès serra à son tour la main de sa soeur jumelle, s'y accrochant avec le peu de force qu'il avait et dans un petit murmure, il lui souffla tout son désarroi. « Ils s'en vont sans nous…ils ne nous aiment plus…» « Ne dis pas de bêtises, Arès. Maman va chercher le bébé avec papa. Ils me l'ont dit tout à l'heure.» Chercher le bébé ? Pourquoi ne pouvait-il pas venir directement à la maison ? Et en plus, n'était-il pas dans le ventre de sa maman ? « Mais…il est dans le ventre de maman…non ?» « Peut-être qu'il faut aller quelque part pour le faire sortir. J'sais pas.» Arès posa ses yeux gris sur son papa qui s'affairait à réduire deux valises alors que sa maman attendait sagement sur le seuil de la porte du salon. Avec détermination, il s'avança vers elle, et tira avec vigueur sur la robe en mousseline qu'elle portait. D'une voix presque haineuse pour un enfant, il cracha avec amertume quelques mots. « Je veux pas du bébé. Vous pouvez pas le laisser ailleurs ? » « Ne dis pas ce genre de chose Arès. » « Mais tu ne vas plus nous aimer !» « Je vous aimerai toujours. Vous êtes mes petits loulous. Et j'ai assez de place dans mon coeur pour tous les trois.»

6 ans ~ 

Le fils Malefoy fixait d'un regard haineux le chien devant lui. Popper, c'était son prénom, ne faisait pas réellement attention à l'enfant, occupé à mâchonner sa nouvelle trouvaille : un lapin bleu. Peluche, qui, appartenait à Arès depuis toujours. Même ses parents n'avaient pas le droit de le prendre, et encore moins ses deux soeurs. Il était un enfant possessif et cela le rendait parfois méprisable. Quoiqu'il en soit, présentement, s'il avait pu, il aurait étripé ce sale chien sans une once de pitié. « Rends-moi ça !» cracha-t-il haineux en avançant une main autoritaire. Popper leva des yeux ennuyés sur lui et reprit sa besogne sans faire cas du petit blond. Excédé, furieux, Arès s'avança de façon menaçante vers la "sale bestiole" et se mit à hurler de sa petite voix, alertant ses parents sous la véranda. Ils accoururent vers leur enfant, inquiet de l'entendre aussi furieux et tombèrent sur un drôle de spectacle. Arès tenait fermement son lapin dans les bras, regardant avec surprise Popper. Popper qui flottait à quelques centimètres du sol. Pas grand chose, juste un ou deux, mais cela semblait suffisant pour le faire paniquer et glapir. « Arès ?» La petite tête blonde se retourna, Popper s'écrasa sur le sol et partit se réfugier dans sa niche. « C'est pas moi ! C'est Popper !» Sa mère sourit, bienveillante alors que son père le soulevait dans ses bras, riant. « Tu es un sorcier mon fils !»


Teenage dreams in teenage circus.

11 ans ~ 

Il allait être malade. Il le sentait. Cela ne pouvait se passer autrement. Et s'il se retrouvait à...Poufsouffle ? Il ne s'en remettrait jamais. Non, jamais. Autant changer de nom et partir à l'autre bout du monde. Il serra la main de sa soeur jumelle. Au moins, il n'était pas tout seul, c'était déjà ça. La petite fille lui envoya un regard confiant et déterminé. Parfois, il enviait l'assurance de sa jumelle... Il ne savait pas vraiment d'où venait ce besoin d'être à Serpentard. Ses parents n'avaient pas l'air de porter une grande importance à la maison dans laquelle il allait être réparti. Mais lui, il voulait être chez les vert et argent, comme sa mère, comme son père et ses ancêtres. Rien d'autre. « Arès Oedipius Malefoy ?» Il s'avança la tête haute vers le petit tabouret, ignorant les chuchotements demandant s'il était réellement un garçon. Il était habitué à ce qu'on le prenne pour ce qu'il n'était pas. Parfois, il en jouait, parfois, c'était vexant. Le professeur posa le vieux chapeau sur son cuir chevelu. « J'aime beaucoup lorsque un Malefoy entre à Poudlard. C'est toujours un réel plaisir de vous répartir...parce que vous ne demandez pas beaucoup d'efforts. Serpentard !» Devait-il prendre la remarque du choixpeau avec humour ? Quoiqu'il en soit, le jeune garçon se releva, un sourire comblé aux lèvres, un sourire empli de fierté. Et d'un pas déterminé, il partit rejoindre les verts et argents.

15 ans ~ 

... mais le problème avec ce remède sont ses effets secondaires particulièrement dangereux. En effet, selon le légendaire potioniste Albert Gregvanowitz, si la personne malade ingurgite une trop grande...Arès plongea sa plume dans son pot à encre sans lever les yeux de son parchemin. Cette dissertation donnée par le professeur de potion l'avait particulièrement enchanté, notamment grâce au fait qu'il connaissait bien ce remède. Il se sentait sur le bonne voie pour avoir un bel optimal. « Malefoy ?» Arès reconnut le timbre de la voix et fit mine de l'ignorer, pas spécialement enchanté de le voir ici. En fait, il avait opté pour la bibliothèque exprès pour l'éviter, sachant pertinemment qu'il n'y mettait que très rarement les pieds. Mais à en croire sa présence ici, il devrait revoir ses tactiques. Ou bien l'autre l'avait cherché. ...quantité, supérieur à 1,2 ml par jour durant une semaine... « Arès ? Ne m'ignore pas s'il te plait.»...les effets déjà néfastes pour le corps humain seront multipliés. Et, il y a risque de coma magique ou pire, de mort...Sa plume lui fut arraché des mains sans pitié, tâchant son devoir d'une marque d'encre noire. Arès releva ses yeux gris, remplie de fureur, sur son camarade, installé en face de lui. Il siffla de mécontentement et lança un sort mineur pour tout nettoyer. Abruti. « On dirait un chat quand tu fais ça.» L'ignorer. Purement et simplement. Faire comme s'il n'était pas là. Loin de lui. Oui, en train de voler sur son balai avec ses imbéciles de copains. « Tu vas bouder encore longtemps ? On dirait un Gryffon dans ses mauvais jours.» « Je bouderai pas si tu n'avais pas tout raconté !» Shit. Par Merlin, ne pouvait-il pas s'en aller ? Arès replia son devoir et le glissa dans sa besace. Il tendit une main devant lui, fixant sa plume dans celle de l'autre. « Ma plume.» « Attends, il faut qu'on discute. Tu ne vas me détester pour si peu. Puis personne n'a...» « Pour si peu ? Tu plaisantes ! Tu as ruiné en deux minutes ce que je m'échinais à construire en cinq ans ! Maintenant tout le monde va me voir comme le...le...la folle de l'école !» Arès fixa son vis-à-vis dans le blanc des yeux souhaitant lui faire passer toute la rancoeur qu'il éprouvait à son égard. « Moi je trouve que ça fait de toi un des type les plus intéressant d'ici. Et je ne suis pas le seul. Ta côte a monté depuis que je l'ai malencontreusement laissé échappé.» « Vraiment ?» « Ouais. Au moins une dizaine de types sont venus me demander où tu étais. Il n'y a que toi qui en fait toute une montagne. T'as le sang toujours aussi pur.» Peut-être pouvait-il revoir ses positions finalement ? Si sa côte montait cela ne pouvait lui être que bénéfique. Puis, cet abruti lui manquait un peu tout de même.

17 ans ~ 

« T'es qu'un espèce d'aristo qui se croit tout permis. Pour qui tu te prends sérieusement ? Ce n'est pas parce que tu es un sang-pur que tu peux dénigrer ainsi les autres ou les traiter comme des moins que rien ! T'as beau avoir une gueule d'ange et être sympa aux premiers abords, tu n'en restes pas moins qu'un crétin !» Arès serra les dents et fusilla du regard son…amant ? Ex-amant peut-être ? Il ne savait plus trop. Tout ça pour un léger sous-entendu sur le sang de cette fille juste pour la vexer parce qu'elle, elle ne se gênait pas pour l'insulter. « Là, tu vois, j'en ai marre. Alors, si tu ne fais pas un effort pour arrêter de te comporter comme tu le fais avec mes amis, tu peux tirer un trait sur nous.» « Et je dois faire quoi ? Leur lécher les pieds ? Leur offrir des sourires alors que je les déteste et qu'ils me le rendent bien ?» « Tu pourrais faire un effort.» « Je n'ai pas spécialement envie de faire un effort pour toi.» Sa voix avait été dure, froide alors qu'intérieurement il bouillonnait de rage et de tristesse. Mais il ne pouvait pas se laisser traiter ainsi. Il ne pouvait pas se faire descendre ainsi devant des témoins. Il avait un certain standing et prestige à garder. Il ne voulait surtout pas perdre son pseudo-pouvoir sur les autres élèves à cause d'un imbécile qui se croyait tout permis. Même s'il avait de beaux yeux. Et de jolis cheveux. Et un visage harmonieux. Et qu'il faisait battre son pauvre coeur bien trop vite. Arès serra les poings discrètement, s'enfonçant les ongles dans la paume de sa main, empêchant ainsi ses yeux de devenir bien trop…humides. « Pardon ?» fit l'autre incrédule. « J'ignorais que tu avais des problèmes d'ouïe en plus d'être un abruti fini. Mais comme je suis de bonne humeur je te le répète. Je n'ai pas envie de faire d'effort pour toi.» « Donc tu veux dire que...tu me jettes là ?» Arès ricana méchamment, comme tout bon serpentard savait le faire, et sourit piteusement au garçon. « Bravo. 10 points pour serdaigle !» Et sans attendre qu'il réagisse, Arès quitta la grande salle. Pourquoi devrait-il se torturer un peu plus en le regardant ? Il n'avait pas de penchant masochiste et puis...il risquait lui même de pleurer. Et pleurer ce n'était pas dans ses activités favorites, encore moins devant une tablée de Serdaigle.

School's out forever.

19 ans ~ 

« Arès ?» Le jeune homme leva son regard vers son paternel qui le fixait avec intensité. « Oui ?» Il était assez rare que son père lui adresse la parole de bon matin. Et encore moins avec ce regard qui ne présageait rien de très bon. Mystérieux, calculateur, intéressé. En quelques secondes, le fils Malefoy se repassa tout ce qu'il avait fait durant la semaine, cherchant quelque chose susceptible d'avoir attisé l'intérêt qu'on lui portait. Parce que sa mère aussi semblait le fixait. Plus discrètement, mais elle écoutait. « Ta mère et moi nous demandions...» Coup d'oeil suspicieux vers la dite mère qui feintait de lire son journal. « Si tu avais une fiancée.» Un céréale faillit avoir raison de lui, mais il ne laissa rien paraitre hormis un léger toussotement. Il s'y attendait assez à cette remarque, mais il n'imaginait pas qu'il se ferait interroger un matin, à sept heure et demi. C'était traitre ! « Non. Pas vraiment.» « Pas vraiment, j'en ai une mais je ne l'aime pas ou pas vraiment, je n'en ai pas ?» « Et bien...pas vraiment je n'en veux pas. Pourquoi ?» Échanges de regards entre les deux aînés. « Nous nous sommes mariés à ton âge tu sais...et comme ta soeur n'a pas l'air décidé à nous trouver un gendre...» Arès sortit sa baguette et lança un Tempus. « Oh, je vais être en retard en cours.» « Ah ! Alors la médicomagie, tu t'en sors bien ?» Arès ne prit pas la peine de répondre, bien trop pressé d'échapper au regard scrutateur que lui lançait sa mère. Il se saisit de sa besace et sortit dans le jardin pour transplaner, n'oubliant tout de même pas de faire un léger signe de la main à ses géniteurs.

22 ans ~ 

Trop chaud. Il faisait beaucoup trop chaud. D'un geste las de la main, Arès poussa la couette qui l'étouffait. L'air frais glissa sur sa peau nue, lui arrachant un petit sourire de contentement. C'était mieux. Il se serra un peu plus contre le corps endormi à ses côtés qui grogna. « Tu ne dors pas ?» Peut-être pas si endormi que ça, finalement. Le jeune Malefoy leva ses yeux bleu-gris et sourit malicieusement. « Tu tiens trop chaud. Je ne peux vraiment pas dormir dans de telles conditions.» Son vis-à-vis lui sourit gentiment. Sourire plutôt niais aux yeux d'Arès. « Ne souris pas comme ça. On dirait un poufsouffle.» « J'étais un poufsouffle. D'ailleurs, avec ta condition de vile serpent, tu devrais avoir le sang-froid, alors débrouille-toi.» Arès ricana, amusé. Il roula sur le côté et s'enfouit sous la couette. C'était un vieux reflex qu'il gardait depuis...toujours. Dormir sans couette, c'était juste impossible pour lui. Il avait besoin de se sentir en sécurité lorsqu'il dormait. Un battement d'aile retentit dans la chambre et il sentit le matelas bougeait à ses côtés. Puis un bruit de papier froissé. Nath' devait surement lire le journal, comme toujours. A la limite de se rendormir, il fut réveiller par la voix de son amant, inquiète et surprise. « Écoute-ça.» Soufflant, le jeune Malefoy se retourna, écoutant d'une oreille attentive les bonnes nouvelles. « La guerre déclarée ? Dans la nuit du 31 décembre au 1 janvier, un attentat perpétré par un groupe de sorcier encagoulé a causé la mort d'une trentaine de moldus, une soixantaine de blessés. Le chiffre reste encore flou, selon les autorités du Ministère il est fort possible que certains survivants soient ensevelis sous les décombres. Aux alentours de minuit, alors que la population de Bristol se rassemblait pour fêter la nouvelle année, un groupe d'une douzaine de sorciers, portant des masques, ont fait leur apparition. Surgissant de nulle part, ils se sont attaqués à la foule sans pitié, décimant une partie des invités, dont des enfants en bas-âge. Nous ignorons tout de leur identité. Mais les autorités n'ont pas réussi à les arrêter, les hommes se volatilisant en quelques secondes. Blablabla. Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle guerre ? Est-ce un avertissement quant à la possible cohabitation moldus-sorciers ? Quoiqu'il en soit, nous nous attendons fortement à des représailles venant du gouvernement moldu. Nous vous exhortons donc à être prudent...» La pièce fut silencieuse durant quelques minutes, chacun réfléchissant à la nouvelle. Arès, les sourcils froncés, regardait d'un air absent son ami. « C'est tout de même fou que certains sorciers fassent encore ce genre de chose ! Ils sont malades sérieux !» Au son de la voix révoltée, Arès se leva subitement et ramassa un pantalon qui trainait pour l'enfiler. « Où tu vas ?» « Déjeuner.» « Et ça te fait rien tout ça ?» fit Nath' en agitant la Gazette du sorcier sous son nez. « C'était couru d'avance avec l'annonce de notre existence. On aurait dû rester dans l'ombre, comme avant.»